Le management par la pression : pourquoi c’est improductif ?
En matière de management vous avez entendu parler du management par objectifs, du participatif, du directif et ainsi de suite… Nous espérons que vous ne croiserez pas celui-ci : le management par la pression.
Management par la pression versus management par objectif
Bien sûr, le management par objectif peut être assimilé par certains à une forme de management par la pression, mais nous ne sommes pas d’accord avec cette affirmation. Si des objectifs – trop valorisés, trop élevés, trop nombreux, des délais trop courts – sont à même d’être de bons instruments de torture instillant une pression douloureuse, l’intention du management par objectif est de clarifier et de s’accorder sur ce qui est attendu concrètement, de négocier un contrat clair sur une période donnée.
« Alors, c’est pas encore fini ? »
Ce dont nous souhaitons vous parler, c’est tout autre chose qui peut se résumer à cette formule : « alors, c’est pas encore fini ? »
Il n’est point besoin d’être sadique pour pousser les autres avec ce genre de méthode, de gentils êtres humains le font tous les jours. A ce propos, nous nous souvenons d’une anecdote qui peut être éclairante sur les effets de ce type de pression, à priori anodine.
Une boutade qui met en colère et empêche de dormir
- Témoignage de consultant :
« Il y a quelque temps, au cours d’un gros projet chez un client, le directeur général, appelons le Georges, m’avait assuré qu’il allait s’investir dans son déroulement. Comme c’est souvent le cas, très pris qu’il était, il fut particulièrement difficile de trouver des moments de travail en commun, tout au plus cinq ou six en un peu plus d’un an.
Ce qui m’a alors intrigué lors de ces moments, c’est la constance avec laquelle Georges utilisait avec moi la formule « alors, c’est pas encore fini ? ». J’ai toujours pris cela comme une manière de plaisanter, puisque le projet était jalonné et ne prenait pas de retard.
Néanmoins, la récurrence de cette boutade était telle que je ne pouvais m’empêcher de penser que cet homme manageait peut-être de cette façon ses collaborateurs…
Un jour, l’une d’entre elle, cheville ouvrière du projet qui se donnait à fond pour livrer dans les délais son travail, me fit la confidence suivante : « Georges est passé dans mon bureau pour me demander un renseignement. Et comme il a vu que je travaillais sur le projet, il m’a alors dit : Ben, c’est pas encore fini ce truc là ? »
C’était peut-être une boutade, néanmoins cela m’a mis en colère, j’ai rongé mon frein et je n’ai pas répondu et on est passé à autre chose, mais le plus bizarre, c’est que j’en ai mal dormi cette nuit-là. Sa remarque me trottait dans la tête et je me demandais si je n’aurais pas pu faire cela plus vite, si peut-être, après tout, il pouvait être vrai que je suis trop lent ou trop perfectionniste… Bref, sans raison, sa petite phrase m’a pourri la nuit. »
Garder du recul et faire barrage aux pressions
Ne nous y trompons pas, Georges et ceux qui procèdent comme lui managent de cette façon dans le but de mettre la pression et de culpabiliser – un peu – leurs collaborateurs.
On peut leur trouver des circonstances atténuantes : ils sont démunis, pas équipés des méthodes et outils pour construire des relations telles que leurs collaborateurs donneront le meilleur d’eux-mêmes, ou ils subissent eux-même une énorme pression de la part de leur propre patron ou conseil d’administration et la reporter sur l’étage en-dessous est humain. C’est possible, mais toujours est-il que, répété, c’est un jeu malsain, car tel le jeu du chat avec la souris, il place son interlocuteur dans une position de victime dont il est peu aisé de sortir.
Une des principales qualités des bons managers, ceux qui gardent des collaborateurs motivés et performants dans le temps, est de garder le recul nécessaire pour comprendre leur paysage et préoccupations, et faire barrage aux pressions inutiles qui arrivent alors jusqu’à eux et non d’en rajouter une couche.