Management et légitimité
La légitimité peut revêtir un caractère subjectif. Aussi ce terme nécessite des précisions. Quelques situations pour illustrer notre propos.
Qui n’a pas eu l’occasion d’avoir comme chef un brillant technicien mais un piètre manager peu porté sur les questions d’animation ou d’adhésion d’équipe ?
Pour poursuivre, chaussons les bottes du maire d’une petite commune de notre campagne béarnaise par exemple.
Ce maire se voit accueillir un groupe de pression qui l’interpelle sur le projet de sécurité routière qui est en cours de réflexion. Les abords des écoles se doivent d’être sécurisés : la municipalité est fortement mobilisée pour aboutir à des réalisations concrètes et visibles. Sauf que le projet exige des efforts financiers conséquents qui vont impacter tous les administrés. Des débats houleux au sortir du dernier conseil municipal ont failli tourner au vinaigre. Le maire, invectivé par une personne de manière violente, a mis un terme au débat : «Au nom de la légitimité que me confère mon mandat d’élu, je poursuis le projet, j’ai toute autorité pour décider. La messe est dite».
Dans un autre contexte, celui médical, ces notions d’autorité et de légitimité sont également intrinsèquement liées. « Le médecin sait là où je ne sais pas». Je lui reconnais l’autorité pour prescrire, il est légitime à mes yeux de patient pour exercer cet acte. Le médecin, de par sa formation technique, son expérience métier, est spontanément reconnu et valorisé par le patient qui, lui, se sent incompétent.
Dans ces différents contextes, le chef, de par sa technicité, le maire, de par son investiture, le médecin, de par son expertise, attendent tous les trois d’obtenir l’acceptation ou «l’observance» de leurs décisions. Il est question ici de ce que l’on nomme «l’autorité de droit».
D’aucun d’entre vous se rappellent l’expérience édifiante de Stanley Milgram où des sujets infligèrent des électrochocs de 450 volts à d’autres personnes sous la pression liée à l’autorité exercée par la blouse blanche assimilée à l’autorité de droit. Les expériences ont eu lieu en 1968 et sont à replacer dans ce contexte.
Aujourd’hui, l’accès à la connaissance et aux informations entrainent de profondes mutations dans notre relation à l’autorité : là où notre société se fondait sur l’obéissance, aujourd’hui, elle privilégie la concertation, l’autonomie individuelle et ceci au nom du principe de liberté, du droit à l’information qui nous sont très chers.
Dans le domaine du management, cette mutation s’applique également : l’autorité ne peut pas se résumer à l’exercice de l’autorité de droit. Le statut de manager, la formation technique ne suffisent plus à légitimer le chef dans son poste. D’ailleurs, des stratégies très subtiles au sein des équipes peuvent être mises en place pour insidieusement contourner ce type d’autorité et à terme provoquer son isolement. Des équipes peuvent dépenser beaucoup d’énergie et de solidarité à cet effet.
Le rôle du manager est ainsi subtil et exigeant : rien n’est jamais vraiment acquis une fois pour toutes. Obtenir le consentement et l’adhésion des membres d’un groupe est un travail permanent. Créer, entretenir un climat de confiance, c’est faire la preuve de son habileté dans les relations, c’est faire montre de courage dans des circonstances difficiles, c’est se rendre disponible et donner la garantie que l’on peut compter sur vous.
Alors, qu’en est-il de l’autorité, de la légitimité pour vous ? Quelles preuves au quotidien donnez-vous à voir à votre entourage ?
Que souhaitez vous changer dans votre management après la lecture de cet article ?