Résistance au changement : faut-il s’obstiner ou renoncer ?
Il y a quelques années, nous avions établi un parallèle entre une situation constatée dans la politique publique de notre région et les difficultés liées à la conduite du changement au sein d’une entreprise.
Le cas pratique : le bus arrive à Idron
Idron est une petite commune à quelques kilomètres de Pau. Une banlieue « résidentielle », bien caractéristique de ces villages où fleurissent les constructions nouvelles, pas trop loin de la ville, mais suffisamment pour trouver un calme bucolique. Bien sûr, il n’y a pas (encore) de commerces mais le nombre moyen de véhicules par ménage permet de faire face, d’amener les enfants au judo ou à la danse, voire d’aller en ville acheter ses DVD ou réserver les places pour le prochain concert.
Puis Idron a connu une révolution : la ligne de bus qui jusque-là s’arrêtait à la commune voisine, limitrophe de Pau, a été prolongée et Idron est désormais desservie. On ne vous parle pas du transport scolaire, mais du vrai bus, avec arrêt, Abribus et horaires.
Des bus désespérément vides
Depuis, le bus passe, vide ou à peu près. Il faut dire qu’avec les rotations mises en place, rien n’incite à renoncer à la voiture : pour aller à Pau, vous avez le choix entre 8h et 13h30. Lorsque la ligne a été mise en place, nous avons pensé que le transporteur allait vite voir que ses bus resteraient désespérément vides et que « les gens » n’allaient pas s’habituer à les prendre si on ne leur proposait pas des rotations plus pratiques.
Certains soupçonnaient même les décideurs de faire semblant pour démontrer que cela n’intéressait personne et ainsi abandonner cette belle idée en constatant son échec.
Le bus sur commande
En réalité, un effort sérieux a été fait en faveur des transports collectifs. Depuis la mise en service de la ligne, tout habitant peut aussi se rendre à Pau en dehors des rares heures de passage. Pour le prix d’un ticket, il peut avoir, sur commande 24 heures à l’avance, ou le matin pour l’après midi, un TAXIBUS qui vient le chercher à un arrêt. On imagine ce que peut coûter un tel dispositif ! Pourtant, c’est un bon moyen pour donner le goût des transports en commun et depuis, le système tient bon : deux lignes desservent Idron et la fréquence sur chacune est d’environ un bus ou un TAXIBUS par heure.
Effort de management
Quel intérêt de parler de lignes de bus ici ? Cet exemple nous semble utile pour tout manager qui veut faire aboutir un changement. Comme chacun sait, il ne suffit pas de le décréter pour qu’il soit adopté. Or, l’exemple du TAXIBUS nous fait penser à ces situations où le changement ne sera accepté qu’après des efforts de management qui peuvent sembler démesurés pour qu’il le soit.
S’obstiner à réussir
Combien de managers sont capables de reconnaître et d’accepter cette difficulté ? Nous en rencontrons parfois qui n’hésitent pas à multiplier les moyens, à refaire des campagnes de mise en main, à répéter des formations car ils savent que leur mission n’est pas simplement de décider un nouveau fonctionnement objectivement plus efficace. Ils savent qu’ils doivent aussi y faire adhérer et s’obstiner à réussir. À l’inverse, nous en rencontrons d’autres qui renoncent aux premiers signes de remise en cause et s’avèrent incapables de résister à la moindre résistance au changement.
Votre expérience nous intéresse
Faites-nous part de vos TAXIBUS, de ce que vous avez dû mettre en œuvre pour faire accepter un changement, pour l’implanter dans la durée. Vos exemples peuvent servir à d’autres, donner des idées nouvelles et pourquoi pas du courage à ceux qui ont le sentiment que ce genre de tâche est insurmontable !